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Limagerie
médico-légale post-mortem |
Melles DECLEIN Julie DEMORY Emmanuelle DUHAMEL Anne-Sophie Mme GUILLEMOT Christine Mrs ANDRIAMANANTENASOA Lala ORIVAL Matthieu |
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I- INTRODUCTION Le respect de lêtre humain vivant ou mort est une exigence quasi constante des civilisations humaines. Ainsi, tout individu doit veiller à ce quil ne soit jamais porté atteinte à la dignité des siens dans la vie comme dans la mort et le droit prévoit dans les codes civil et pénal, une peine damende et demprisonnement, pour tout individu violant cette règle. Cependant, ce concept de respect de la dignité humaine demeure ambigu lorsquil sagit de rendre justice à une personne décédée dans des contextes de mort suspecte ou criminelle, pour lui permettre de « reposer en paix ». En effet dans ce but, la société sattache à déterminer les causes exactes du décès et à tout mettre en uvre pour retrouver le coupable du crime, sil y a lieu. La pratique dune autopsie permet alors de répondre à un certain nombre dinterrogations, mais elle porte atteinte à lintégrité physique du cadavre, ce qui peut amener à considérer comme alternative, un examen radiologique post-mortem qui ne sera pas invasif. Toutefois, les examens sur cadavre demeurent un sujet tabou, et sont rarement publiquement évoqués de peur dêtre accusés de nuire au repos du défunt et de porter atteinte au respect qui lui est dû. Limagerie thanatologique, malgré sa faible fréquence, a ainsi la particularité de troubler la majorité des personnels hospitaliers qui y sont confrontés, notamment par manque de préparation psychologique et des techniques des professionnels. Cette méconnaissance se rencontre tout particulièrement chez les manipulateurs délectroradiologie diplômés, ou chez les étudiants au cours de leur expérience professionnelle, malgré leur rôle prédominant dans la réalisation des techniques radiologiques thanatologiques relevant de leur décret de compétence. En effet, ce dernier nétablissant aucune distinction entre les pratiques radiologiques sur patients vivants ou morts, il appartient donc évidemment aux manipulateurs de réaliser ce type dexamens. Nous étudierons dailleurs ce point plus en détails au cours de notre exposé. Toutefois, nombreux sont ceux qui en découvrent lexistence après un stage ou pendant leur carrière professionnelle. Cette confrontation soudaine et inattendue est souvent déstabilisante surtout psychologiquement. De plus, ce personnel non informé est alors amené à se poser un certain nombre de questions auxquelles il nobtient pas toujours de réponses claires. Les nombreuses enquêtes entreprises jusqualors par les étudiants et professionnels à ce sujet témoignent de cette réalité. Cest lors dune telle confrontation sur un lieu de stage par trois des étudiantes du groupe, quest née notre volonté de faire connaître cette discipline, sans toutefois vouloir se borner à copier les démarches précédemment entreprises. Par le témoignage de ces trois étudiantes, il ressort globalement quun membre du personnel hospitalier, même sil est quotidiennement confronté à la maladie, ne shabitue jamais à la mort. Elle lui rappelle que tout individu est vulnérable quel que soit son âge, lui et les membres de sa famille y compris, si jeunes soient-ils, et quels que soient les progrès de la médecine. Rappelons dailleurs à ce sujet, que limagerie post-mortem est dautant plus déstabilisante quelle concerne des patients de tout âge, quelque soit leur aspect physique, et concerne même parfois des pièces anatomiques, chose encore plus troublante. Nous pensons donc que cest en communiquant mieux, que lon peut amener lhomme à mieux intégrer la mort comme une étape à part entière de son existence. A notre échelle, cette communication se manifeste par une volonté dintégrer quelques heures de sensibilisation à limagerie post-mortem, dans la formation initiale et continue des manipulateurs radio. Cela est dailleurs déjà rendu possible pour les radiologues par lintermédiaire du DU dImagerie Médico-Légale. Nous participerons à cette intégration en proposant des plans de formation initiale et continue, qui établiront des liens documentaires, avec entre autres, les différents travaux déjà effectués à ce sujet. Ces plans de formation pourront, par ailleurs, être mis à disposition des instituts français de formation au DE et DTS. Enfin, nous établirons
des protocoles de réalisation dexamens
post-mortem, en tenant compte des divers contextes
dexploration, afin que ceux-ci puissent
éventuellement être utilisés pour harmoniser la
pratique de ces examens dans les hôpitaux français. |
II- PRESENTATION DE LA METHODE Une fois le thème du projet choisi fin septembre 2003, notre premier objectif fut de réfléchir sur lidentité de notre référent et de notre expert. Devant être capables de nous guider dans la réalisation de notre travail, il fallait à juste titre que ces personnes aient une certaine expérience de limagerie post-mortem. Nous avons ainsi choisi Madame VILMONT, formatrice dans notre institut de formation de lAP-HP, comme formatrice référente pour ses connaissances éthiques et son expérience de limagerie post-mortem au travers de pièces anatomiques. Cest grâce aux relations de cette dernière que nous avons pu contacter le Docteur HAZEBROUCQ, maître de conférence des universités, praticien hospitalier au CHU Cochin, radiologiste et légiste qualifié, expert auprès de la cour dappel de Paris et coordonnateur du DU dImagerie Médico-Légale de lUniversité René Descartes Paris V, afin quil soit notre expert. Lobjectif premier de notre projet était détablir un travail de synthèse sur la médecine légale et limagerie post-mortem, pour quil puisse être remis aux étudiants manipulateurs radio dans le but de les sensibiliser à cette réalité. Nous même étonnés par la pratique de tels examens, aucunement imaginés jusquà y être personnellement confrontés en tant que stagiaires manipulateurs radio, nous avons en premier lieu cherché à savoir si cela figurait dans notre décret de compétence. Si ce dernier ny fait pas directement allusion, certains de ses articles peuvent toutefois laisser sous-entendre que nous faisons partie des acteurs intervenant dans les pratiques dimagerie post-mortem. Nous nous sommes alors posés la question suivante : « Pourquoi le sujet na-t-il jamais été abordé durant notre formation ? » Cette question devenait dautant plus pertinente que nous constations à quel point ces examens pouvaient troubler un certain nombreux détudiants et professionnels manipulateurs radio. En effet, nombreux sont les travaux déjà réalisés à ce sujet (par les étudiants de Clermont-Ferrand, Poitiers, Corbeil-Essones, Orléans et par les membres de lAFPPE dans plusieurs numéros de la revue « Le Manipulateur »). Nous avons alors souhaité savoir si, comme nous, beaucoup détudiants et professionnels découvraient cette réalité en terrain hospitalier, ou si au contraire, les autres instituts de formation avaient inscrit ce sujet au programme. Pour cela, nous avons réalisé des questionnaires adressés mi-octobre aux étudiants manipulateurs radio de France, aux directeurs et aux formateurs des instituts de formation. Visiblement troublés par ces pratiques, nous avons constaté que la majorité des étudiants souhaitaient avoir connaissance de notre travail une fois ce dernier achevé. Mais pourquoi alors, les travaux déjà effectués à ce sujet, nont-ils pas servis à les sensibiliser à ces techniques ? Pourquoi sont-ils restés dans lombre malgré leur pertinence et leur validation par lAFPPE notamment et dautres expert comme le Docteur HAZEBROUCQ par exemple ? Sans doute parce que ces pratiques sont jugées par les formateurs, directeurs dinstituts de formation et cadres des services de radiologie comme trop exceptionnelles pour mériter la mise en place dune formation initiale et continue destinée aux manipulateurs radio. Pourtant on saccorde tous à dire quune pratique est dautant plus déstabilisante quelle est exceptionnelle, surtout quand celle-ci concerne un sujet aussi tabou que la mort. Citons pour exemple les nombreuses formations aux premiers secours dispensées au personnel hospitalier en formation initiale et continue. Si elles sont si fréquentes, cest parce que la réanimation, pour le personnel non spécialisé dans ce domaine, nest pas une pratique journalière mais exceptionnelle et déstabilisante puisquelle nous confronte à la fragilité des fonctions vitales. Pourquoi nen est-il donc pas de même pour limagerie post-mortem ? Nous avons ainsi voulu savoir si le personnel confronté à ce type dexamens aurait souhaité une formation ou assistance psychologique. Dans le cas contraire, nous comprendrions mieux le manque de formations aux techniques radiologiques post-mortem. Ainsi courant novembre, nous avons réalisé des questionnaires distribués aux services de radiologie des hôpitaux de lAP-HP et de certains établissements de province. Parmi le peu de réponses reçues, il apparaît tout de même quune formation serait appréciée. Notre objectif final a alors été modifié, sur les conseils de nos coordinateurs de projet. Pourquoi refaire un travail similaire à ceux déjà établis par les étudiants précédents, pour quil finisse de nouveau dans lombre ? Nous avons ainsi décidé de collecter le maximum de documents et travaux de synthèse réalisés jusquà présent, le but pédagogique de notre travail devenant alors détablir des plans de formation initiale et continue aux pratiques radiologiques post-mortem. Ces derniers, en établissant des liens avec les documents auparavant collectés, permettront aux différents auteurs de mieux « exploiter » les travaux sur lesquels ils ont travaillé pendant plusieurs mois. Par ailleurs, ils pourront servir de base à lintégralité dune formation dans les différents instituts de préparation au DTS et DE de manipulateur radio. Enfin, les différents protocoles radiologiques que nous avons établis serviront peut-être à homogénéiser les pratiques radiologiques post-mortem dÎle de France. Nous remercions
dailleurs, pour les documents quils nous ont
aimablement faits parvenir, Christian BERJON et Catherine
THIBAUT de lAFPPE, les étudiants manipulateurs
radio de Clermont-Ferrand, Poitiers, Dijon, Orléans,
Corbeil-Essonnes et lInstitut Médico-Légal
dEvry, sans oublier nos coordonnateurs de projet,
le Docteur Vincent HAZEBROUCQ et Madame Laurence VILMONT. |
III- PLANS DE FORMATIONS INTIALE ET CONTINUE Pour prendre
contact avec les auteurs de ce travail et obtenir tous
les renseignements complémentaires, cliquer ici |
IV- CONCLUSION Lhôpital est un lieu de vie, de convalescence et de mort, dans lequel tous les professionnels de santé saccordent à dire que leur métier consiste surtout à mettre toutes leurs connaissances au profit des patients pour les soigner et les maintenir en vie. La mort semble ainsi être considérée comme une étape de lexistence pour laquelle le personnel médical se considère quelques fois comme impuissant. Ce sentiment dimpuissance fait parfois naître une certaine culpabilité envers le défunt et sa famille, et crée un manque de communication interprofessionnelle et avec les proches du défunt. A plus grande échelle ce sentiment dimpuissance est à lorigine dune lacune des programmes de formation des manipulateurs radio. En effet, rares sont les instituts de formation qui prévoient quelques heures de sensibilisation à la prise en charge du décès à lhôpital et aux techniques dimagerie post-mortem. Ceci est dautant plus regrettable que le droit au respect et à la dignité des individus est une des valeurs essentielles de notre société actuelle. En effet, en rendant accessibles les nouvelles techniques dimagerie à la médecine légale, on épargne aux familles davoir à surmonter lépreuve de lautopsie en plus de celle du deuil. Cest pourquoi limagerie post-mortem semble en pleine expansion. Si les manipulateurs radio dÎle de France nont pas réellement conscience de ce développement dans les pratiques hospitalières, cest en raison de lexistence dinstituts médico-légaux spécialisés. Les pratiques radiologiques post-mortem dans ces hôpitaux concernent ainsi principalement des produits davortement. Toutefois, en province, ces pratiques concernent également les victimes dun crime, dune mort suspecte, dun suicide. La radiologie post-mortem, en obéissant à un guide de bonnes pratiques dispensé dans notre formation initiale et continue comme cest déjà le cas pour les radiologues au travers dun diplôme universitaire, permettrait à la justice et à la police dobtenir de meilleures réponses sur les circonstances et causes dun décès. Cette démarche ne va pas sans la création dune unité de thanatologie qui trouverait naturellement sa place dans chaque structure hospitalière, et permettrait ainsi la réalisation immédiate de ces examens. Cette considération est dautant plus dactualité que Monsieur Olivier JARDE, député de la Somme, vient de remettre son rapport à Monsieur Jean-François MATTEI, Ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, concernant lorganisation de la médecine légale. Ce rapport insiste tout particulièrement sur la nécessité « de garantir à toute victime un égal accès aux techniques médicales de pointe », que cette dernière soit vivante ou morte, sans oublier de « leur offrir un accueil et une écoute de qualité ainsi quà leurs proches ». La radiologie post-mortem doit, au travers de la médecine légale, daprès ce même rapport, permettre « le développement de la formation et de la recherche ». Et si ce rapport a pour but explicite « dorganiser une médecine légale qui ne cesse depuis trente ans délargir son champ dintervention sous la poussée du progrès et des exigences sociales », le nôtre a pour but den organiser les pratiques radiologiques post-mortem. Il nous serait alors
possible dimaginer la perspective dune mort
moins taboue dans nos établissements de santé, et en
extrapolant, dans notre société, si nous en améliorons
la prise en charge, sans négliger celle des familles. |
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